Le 4 juillet dernier, l’agence Sothebys mettait en vente 5 manuscrits autographes illustrés et 4 lettres autographes du sculpteur Alexandre Calder à Henri Pichette, écrivain et auteur dramatique. Ces documents concernaient des dessins et annotations de certains éléments de décor de la pièce de Pichette « Nuclea » montée en 1952 au Théâtre National Populaire par Gérard Philipe.
Après « Les épiphanies » du même Pichette, l’acteur du « Diable au corps » avait obtenu de Jean Vilar l’accord de mettre en scène cette pièce sur la scène du Palais de Chaillot.
La musique fut confiée à Maurice Jarre laquelle, pour la première fois au théâtre, était diffusée en procédé stéréophonique. Une jeune comédienne de 24 ans, Jeanne Moreau, tenait le rôle féminin principal aux côtés de Gérard Philipe.
Ce dernier prit l’initiative de commander à Alexandre Calder, déjà sculpteur de renommée internationale, la conception des décors et des machineries scéniques. On connait l’intérêt de Gérard Philipe pour l’art contemporain et l’acteur voulait réaliser avec Nuclea, dont le texte était novateur, un spectacle résolument moderne.

Jean Vilar lui en offrait la possibilité l’entourant de toute sa confiance, participant même à la distribution. « Nous avons ainsi tout accommodé pour que tu puisses bien travailler, » ajoutait le directeur du TNP de sa main à une note de service pour une répétition du 20 avril 1952.
Dans l’émission radiophonique, « Entrée des auteurs » au micro de Michel Polac, à l’occasion des répétitions de la pièce, Calder raconta avec humour sa conception des décors avec des mobiles.
Les représentations ne connurent pas auprès du public un énorme succès, ceci du à une certaine incompréhension du texte qui, pourtant, évoquait le péril atomique alors de forte actualité.
Les documents proposés par l’agence Sothebys décrivent ainsi quelques-uns des dessins mis en vente:



Quelques années plus tard, Calder répondait à une sollicitation de Pichette sur son travail sur « Nuclea ». Le sculpteur évoquait Gerard Philipe, appréciant sa compagnie et sa fantaisie en ses termes : « Il avait toujours l’air sans souci, mais au travail, c’était un sérieux acharné. »
Calder et Pichette restèrent proches, le premier illustrant des lithographies pour des poèmes du second dans la revue « Derrière le miroir » d’André Maeght.
En 1961, Calder invitera son ami Pichette à Saché, en Indre et Loire, pour venir visiter son atelier et voir ses fameuses sculptures animées.

Article de Bruno Gruel