
Un verger biologique dans le parc de la Maison



Ce petit livre, publié par l’association de la Maison d’Anne et Gérard Philipe est destiné aux enfants à partir de 10 ans et présente les années du couple Philipe à Cergy.
Anne, écrivaine et passionnée d’ethnographie, et Gérard, acteur mondialement connu, ont vécu dans la maison des bords de l’Oise y réalisant des aménagements et créant un havre de paix loin du bruit et de la foule
Leur court séjour sera brisé par la disparition brutale de celui qui fut l’icône du théâtre et du cinéma, puis immortalisé par les livres de son épouse Anne.
Les textes d’Anne-Marie Petitjean et les dessins de Bruno Gruel nous remémorent les années heureuses du couple à Cergy confiant à la Maison de perpétuer leur souvenir.
« Une Maison au bord de l’Oise « (24 pages) est en vente au prix de 5 € (+ frais d’expédition : 2,80 € ) auprès de l’association de la Maison d’Anne et Gérard Philipe : amdagp95@gmail.com
Intervention du président de l’ AMAGP , le samedi 21 septembre 2024
Monsieur le maire, mesdames et messieurs les élus, monsieur le délégué départemental de la fondation du patrimoine, mesdames, messieurs,
1 – Au fond, quel est l’enjeu de la restauration de cette maison ?
Le premier objectif est bien sur la rénovation du bâtiment et sa conservation. Mais, L’enjeu va au-delà de cela. On parle, ici , de restauration, c’est-à-dire de restaurer l’âme du lieu en faisant un lien historique et mémoriel entre le renouveau et l’espoir qu’incarnait Gerard Philipe, porté par son épouse Anne dans les années 1950 et la nécessaire effervescence artistique d’aujourd’hui
L’enjeu est important, pour la ville et ses alentours. Il est avant tout culturel :
2 – Alors, comment intéresser, impliquer puis associer nos concitoyens à cette restauration
L’appel aux dons, suite à la convention signée entre la fondation du patrimoine, la ville et notre association, est un moyen fort d’implication
L’AMAGP s’efforce d’aider à cette collecte : mais, il ne faut pas se le cacher Gerard Philipe, et son épouse Anne, alors qu’ils connaissaient une gloire internationale il y quelques décennies, sont peu connus désormais des jeunes générations
Alors, il faut s’appliquer à expliquer ce que représente cet endroit et qui furent Gérard et Anne Philipe, ce qui a été leur apport dans le domaine de la création.
L’association a déjà accueilli une dizaine d’école de Cergy en leur présentant l’histoire du lieu et du couple Philipe.
Des actions concrètes ont vu le jour:
Des projets doivent voir le jour prochainement :
3 – Trois ans après la création de l’association de la maison d’Anne et Gerard Philipe et la réflexion avec le service culture et les associations pour imaginer un projet culturel cohérent, le chantier va enfin pouvoir démarrer ; Il est, désormais, urgent, de proposer l’aménagement intérieur. Nous disposons maintenant de la matière, iconographique, audiovisuelle, documentaire pour offrir au public ce centre mémoriel.
C’est là que l’intervention d’un scénographe sera bien utile et nous semble nécessaire.
Ensuite, l’AMAGP entend continuer à jouer un rôle important, L’association doit rester le garant incontournable de l’héritage culturel du couple et, pour cela, conserver quelques prérogatives artistiques et mémorielles dans la gestion future de la maison.
Comment garder ce souci de transmission ? Nous sommes au cœur d’un pari de démocratie culturelle, où le public est au centre. Nous avons l’opportunité et la chance, ici dans cette Maison, de créer un lieu unique en France qui sera une passerelle entre les principes chers à Anne et Gerard Philipe et les pratiques artistiques actuelles accessibles à tous.
« Le public d’abord, le reste suit toujours « disait Jean Vilar.
Je vous remercie de votre attention.
Le 4 juillet dernier, l’agence Sothebys mettait en vente 5 manuscrits autographes illustrés et 4 lettres autographes du sculpteur Alexandre Calder à Henri Pichette, écrivain et auteur dramatique. Ces documents concernaient des dessins et annotations de certains éléments de décor de la pièce de Pichette « Nuclea » montée en 1952 au Théâtre National Populaire par Gérard Philipe.
Après « Les épiphanies » du même Pichette, l’acteur du « Diable au corps » avait obtenu de Jean Vilar l’accord de mettre en scène cette pièce sur la scène du Palais de Chaillot.
La musique fut confiée à Maurice Jarre laquelle, pour la première fois au théâtre, était diffusée en procédé stéréophonique. Une jeune comédienne de 24 ans, Jeanne Moreau, tenait le rôle féminin principal aux côtés de Gérard Philipe.
Ce dernier prit l’initiative de commander à Alexandre Calder, déjà sculpteur de renommée internationale, la conception des décors et des machineries scéniques. On connait l’intérêt de Gérard Philipe pour l’art contemporain et l’acteur voulait réaliser avec Nuclea, dont le texte était novateur, un spectacle résolument moderne.

Jean Vilar lui en offrait la possibilité l’entourant de toute sa confiance, participant même à la distribution. « Nous avons ainsi tout accommodé pour que tu puisses bien travailler, » ajoutait le directeur du TNP de sa main à une note de service pour une répétition du 20 avril 1952.
Dans l’émission radiophonique, « Entrée des auteurs » au micro de Michel Polac, à l’occasion des répétitions de la pièce, Calder raconta avec humour sa conception des décors avec des mobiles.
Les représentations ne connurent pas auprès du public un énorme succès, ceci du à une certaine incompréhension du texte qui, pourtant, évoquait le péril atomique alors de forte actualité.
Les documents proposés par l’agence Sothebys décrivent ainsi quelques-uns des dessins mis en vente:



Quelques années plus tard, Calder répondait à une sollicitation de Pichette sur son travail sur « Nuclea ». Le sculpteur évoquait Gerard Philipe, appréciant sa compagnie et sa fantaisie en ses termes : « Il avait toujours l’air sans souci, mais au travail, c’était un sérieux acharné. »
Calder et Pichette restèrent proches, le premier illustrant des lithographies pour des poèmes du second dans la revue « Derrière le miroir » d’André Maeght.
En 1961, Calder invitera son ami Pichette à Saché, en Indre et Loire, pour venir visiter son atelier et voir ses fameuses sculptures animées.

Article de Bruno Gruel

L’ Association de la maison d’Anne et Gérard Philipe sera présente le dimanche 4 juin de 11 h à 18 h dans le parc à l’occasion des RV aux jardins. Nous vous invitons à venir partager l’histoire du lieu et du couple avec les membres de l’association.

Le thème des RV aux jardins est » Les musiques des jardins ».
Un atelier pour les enfants de 7 à 11 ans sera animé par les bénévoles de l’ AMAGP pour essayer de répondre à la question » Pourquoi y a t il de la musique dans les films ? « . Les petites actrices et petits acteurs pourront jouer la scène du premier film du cinéma « L’arroseur arrosé » accompagnée de différentes musiques parmi les plus célèbres du cinéma
Réservation souhaitée au 06 70 44 73 17 ou sur place au stand de l’association.
Une présentation de l’appel aux dons lancé par la ville de Cergy, l’AMAGP et la Fondation du Patrimoine sera proposée pendant cette journée.
A l’heure où la guerre revient sur le continent européen et que menaçait, il y a peu à nouveau, une contagion dévastatrice, il est bon de rappeler combien la menace nucléaire fut pesante dans les années 50. A peine sorti d’un deuxième conflit mondial que deux blocs vont s’affronter par pays interposés sous le nom de « Guerre froide ». En 1950, la menace de l’arme atomique pèse sur le monde et les populations craignent un nouvel embrasement, celui-ci définitivement destructeur.

Affiche officielle du gouvernement des États-Unis en 1950 –Droits Wikimedia Commons
Après les bombes lancées sur Hiroshima et Nagasaki, les États-Unis ont plusieurs longueurs d’avance sur la recherche et développent leur arsenal nucléaire ; l’URSS, bien que détentrice de la bombe depuis 1949, a du mal à combler son retard.
Le 19 mars 1950, le Mouvement pour la Paix lance l’appel de Stockholm pour l’arrêt de l’arme atomique. Cette pétition, soutenue par le parti communiste, recueille 273 millions de signatures à travers le monde et 15 millions en France. Elle est signée par de nombreux intellectuels et artistes. Beaucoup ne sont pas communistes, mais « compagnons de route », comme on les appellera.
Anne et Gérard Philipe font partie de ceux-là et signent l’appel, tout comme leurs amis Yves Montand et Simone Signoret.
Pourquoi s’engagent-ils au moment où l’acteur acquiert une certaine notoriété au théâtre et au cinéma et qu’elle est intronisée par le milieu ethnographique grâce à ses reportages ?
Certains écrits ont voulu démontrer l’influence d’Anne sur l’intérêt porté à la politique par son époux. On peut croire néanmoins que le jeune homme portait déjà en lui cet engagement dont il avait fait preuve lors de la libération de Paris.
Cet idéal d’un monde nouveau et d’un espoir en la paix au sortir du second conflit mondial, un écrivain allait l’incarner à leurs yeux.
En 1949, Gérard Philipe fait la connaissance d’un jeune poète, Henri Pichette, et joue la première pièce de celui-ci, « Epiphanies » avec Maria Casarès. En 1950, Il va encourager et soutenir son ami dans l’écriture d’une autre œuvre « Nuclea ». Deux ans plus tard, en 1952, il écrit à Henri Pichette pour lui dire l’intérêt qu’il porte à sa nouvelle pièce. Il s’en dégage la quête d’un monde meilleur, à travers songe et cauchemar, évoquant le péril atomique. Cet idéal, il faut le construire à deux, ce qu’écrit Pichette dans la partie « la parole éveillée » (lire à ce sujet l’article Nuclea d’AMarie Petitjean)
Anne et Gérard Philipe sauront maintenir cette force commune, celle de s’intéresser ensemble au monde et aux humains.
Gérard va tourner dans le film « La beauté du diable » de René Clair, avec Michel Simon, d’après la légende de Faust. Les dangers de la science sont présents dans les dernières scènes du film où le jeune docteur Faust acquiert sa puissance grâce à une arme terrifiante, créant la désolation.
L’avant-première du film a lieu le 16 mars 1950 en présence du président Auriol, trois jours avant l’appel de Stockholm. Bien que le film de René Clair colle au message pacifiste, le réalisateur niera tout engagement de sa part et ne signera d’ailleurs pas l’appel, voulant séparer l’artistique du politique.
La pétition internationale lancée en France, à l’initiative de Frédéric Joliot-Curie est donc signée par le couple Philipe. L’acteur, suggère Gerard Bonal, expie la faute de son père, collaborateur notoire durant la dernière guerre, et se rapproche des idées progressistes, que symbolise le pari communiste, éminent protagoniste de la résistance.
Mais, le doute va s’installer pour le couple Philipe. Déjà en 1954, au cours d’une tournée en Pologne, les deux époux découvrent le vrai visage d’un communisme autoritaire. La rupture viendra en 1956. En octobre de cette année-là, un vent de liberté souffle en Hongrie. A Budapest, des manifestations pacifiques demandant le retrait des troupes soviétiques sont réprimées dans le sang. Les chars russes entrées dans le pays matent l’insurrection.

Les chars russes à Budapest – 1956 –Droits Wikimedia Commons
Les soutiens au mouvement pour la paix prennent conscience de l’insoutenable gravité de l’intervention russe et la condamnent fermement. Montand et Signoret maintiennent pourtant une tournée en URSS et protesteront, sur place, auprès des dirigeants communistes.
Dans une lettre à Jean Vilar en novembre 1956, Gérard Philipe se confiera « Si le mouvement national ne fait pas une déclaration officielle, je crois que nous perdons tout crédit auprès de ceux qui, non communistes, ont foi dans le mouvement et que nous serons empêchés dans toute action pour la Paix à venir. »
Quelques années plus tard, dans une interview télévisuelle, Yves Montand parlera de l’époque du maccarthisme : » En Amérique, j’ai eu pendant de longues années l’interdiction de me présenter devant le public américain parce que j’avais signé l’appel de Stockholm… Aussi bête que ça ». Gérard et Anne Philipe se rendront librement aux Etats-Unis, en 1958, mais deux ans après la déchéance du sénateur Mac Carthy.
En 1954, ils ont acheté la maison des bords de l’Oise avec le désir, selon Anne, d’y « faire naitre l’amour ». S’isolant de temps en temps dans la douceur du village de Cergy, ils restent néanmoins accrochés à leurs engagements, observant les battements de l’actualité et s’intéressant, par leurs voyages et leurs rencontres, au monde qui les entoure.
Sources : Gérard Bonnal, Un acteur dans son temps: Gérard Philipe, BnF, 2003 ; Geneviève Winter, Gérard Phillipe, Gallimard, 2022.
Bruno Gruel


C’était au tour des responsables de la maison Maria Casarès de venir, le 17 février, à Cergy pour une rencontre entre l’ élue à la culture, le service cuture de Cergy et l’association de la maison d’Anne et Gérard Philipe.
La visite a débuté par une découverte de l’Axe majeur et la passerelle de Dani Karavan, avec l’amphithéâtre Gérard Philipe. Tout au long de cette promenade jusqu’à la maison des bords de l’Oise, ont été évoqués l’apport du couple Philipe aux pratiques artistiques et à leur engagement culturel et social et aux liens qui les rapprochaient à Maria Casarès.
La découverte de l’intérieur de la maison d’Anne et Gérard Philipe a suscité des réflexions autour du projet de valorisation et des différents types d’actions culturelles envisageables, notamment par des résidences d’écriture.
Les participants en ont d’ailleurs profité pour se rendre dans l’ancienne maison du jardinier, Mr Brunet. Même si sa rénovation n’est pas encore prévue dans les travaux de restauration, l’utilisation de l’habitation de ce proche du couple Philipe demeure néanmoins une solution adaptée pour l’accueil de futures résidences d’artistes.
La « Maison Maria Casarès » sera l’un des partenaires privilégié dans la réflexion du projet d’établissement en cours d’ élaboration.


